De nombreux romans modernes ont un début, une confusion et une fin
– PHILIP LARKIN
Lorsque vous rédigez une revue à un rythme trimestriel, il vous incombe de produire quelque chose de nouveau, même lorsque le paysage n’a pas beaucoup changé. Ce qui s’est produit, bien sûr, c’est que le temps a passé et que nous sommes donc, par définition, plus proches de la fin du cycle des taux d’intérêt, connu dans le jargon actuel sous le nom de « pivot ».
Les investisseurs sont devenus étrangement détendus face à la perspective d’un « no landing », un autre jargon plutôt trompeur qui implique que le resserrement monétaire des 18 derniers mois n’aura aucun effet perceptible sur l’économie. Les modérés s’attendent à un « atterrissage en douceur », ce qui semble plus amusant que pas d’atterrissage du tout mais implique un léger ralentissement. Les partisans d’un pessimiste « atterrissage brutal » sont peu nombreux sur le terrain. Comme toujours, les preuves sont mitigées.
Les optimistes ont tendance à se concentrer davantage sur des données du moment, telles que le marché du travail qui demeure vigoureux. Cependant, l’inflation diminue à mesure que les effets de la politique de relance post-Covid et les effets de la guerre en Ukraine s’estompent. Le problème est que le marché du travail est tourné vers le passé. Une détérioration des données sur l’emploi est le résultat d’un ralentissement économique, et non sa cause. Bien sûr, un chômage en hausse peut multiplier les malheurs.
En matière économique, un scénario à ne pas sous-estimé est celui d’une avancée à tâtons. Il stipule que les économies disposent de mécanismes de rééquilibrage naturels qui empêchent généralement le pire de se produire et permettent aux acteurs économiques de s’en sortir tant bien que mal. Ayant récemment vécu deux expériences où les solutions n’ont pas fonctionné (la grande crise financière et la pandémie), nous sommes préconditionnés à nous attendre à ce que cela ne fonctionne pas cette fois-ci. C’est dans cette possible confusion que se situent les partisans de l’atterrissage en douceur : « ce ne sera peut-être pas parfait, mais tout ira bien ». Inutile de dire que cela ne fait pas une bonne histoire à raconter. Elle ne parle ni d’intelligence artificielle (IA) ni de la disparition de la démocratie libérale. Il se trouve que c’est un résultat assez probable.